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28 septembre 2011 3 28 /09 /septembre /2011 08:26

 « Il est important au niveau national de prendre en compte la réalité du terrain »<br><br>Entretien avec Bernadette Devictor, Présidente de la Conférence nationale de santé Voici le témoignage d'une grande militante de terrain. Elle nous avait épaté en Région Rhône-Alpes, la voici à la tête de la "nouvelle" Conférence Nationale de Santé. A noter, Christine Fabry, administrateur de l'afa, a été nommée également membre titulaire de la CNS.

 

« Il est important au niveau national de prendre en compte la réalité du terrain »

Entretien avec Bernadette Devictor, Présidente de la Conférence nationale de santé - Le 8/9/2011

Nextep est un cabinet de conseil en stratégie spécialisé dans les problématiques de santé (lien : link cliquez).

 


Nextep : Pouvez-vous nous rappeler la nature et les missions de la Conférence nationale de santé, dont vous êtes la Présidente ? 

Bernadette Devictor : 
La Conférence nationale de santé est une instance consultative qui est placée auprès des Ministres en charge de la Santé, des solidarités et de la cohésion sociale. Elle a pour mission de donner un avis sur les politiques de santé, dans le cadre de projets de Loi ou d’élaboration de plans notamment. La nouveauté est que son champ est élargi à l’ensemble de la santé, donc y compris le médico-social. 

Nous publions par ailleurs un rapport annuel d’évaluation du respect des droits des usagers du système de santé sur la base notamment des rapports des conférences régionales. Enfin nous avons une mission d’organisation de débats publics en santé. 


Nextep : Dans le cadre de votre mission consultative, avez-vous déjà été sollicitée sur la réforme de la sécurité sanitaire des produits de santé et le PLFSS 2012 ? 

Bernadette Devictor : Généralement, la CNS est sollicitée au moment de l’élaboration du projet de Loi. Mais cette fois, le délai était trop court entre la date d’installation de la Conférence et le moment où le Gouvernement a rédigé son projet de Loi sur les produits de santé. Maintenant, le travail est au Parlement mais un des objectifs de mon mandat est justement de réussir à développer des liens avec les commissions parlementaires, afin de pouvoir échanger sur nos travaux. Même s’il n’y aura pas de saisine officielle, cela n’empêchera pas la Conférence de se prononcer. Pour l’instant, notre position n’est pas encore arrêtée car nous commençons juste le processus de réflexion de fond sur ces sujets. 

Nextep : Alors que vous entamez la Présidence de la Conférence, quels sont vos principaux objectifs ?

Bernadette Devictor : 
Une des raisons pour lesquelles je me suis présentée est la volonté d’apporter le regard des usagers. Il est en effet important de faire entendre leur parole sur l’ensemble du système de santé en termes d’attentes, d’évaluation, de difficultés auxquelles ils peuvent être confrontés. 

Il est également important de prendre en compte au niveau national la réalité du terrain. Cela veut dire faire remonter les points positifs et promouvoir ainsi ce qui marche. Et il faut aussi faire entendre les difficultés rencontrées. 

Le troisième volet de mon programme est de développer l’articulation entre les différents niveaux : la planification au national, la prise en compte des spécificités régionales et le développement de la coopération des acteurs au local.     

S’agissant justement du niveau national, quel regard portez-vous sur la mise en place des ARS ? Selon vous, Quelles problématiques devraient-elles traiter en priorité ? 


Bernadette Devictor : Il s’agit vraiment d’une très grosse réforme. En tant qu’usagers, nous avons soutenu la Loi HPST notamment dans son objectif de décloisonnement du système de santé car il s’agit d’un point très pénalisant pour les usagers comme les professionnels de santé. Les ARS ont également d’autres missions auxquelles on ne peut qu’adhérer telles que la réduction des inégalités de santé ou encore l’amélioration de la qualité des soins. Ensuite, pour la mise en œuvre, il y a une énorme mécanique fortement pilotée par le Comité national et qui mobilise beaucoup les ARS sur cette phase de planification. 

En attendant, la réalité du terrain continue à s’imposer avec notamment des réductions de budgets sur plusieurs postes. Il y a donc des tensions assez fortes et des interrogations. Pour moi, les ARS ont ainsi une obligation de résultat, c’est-à-dire d’améliorations pour les usagers. Il faut également rappeler que les ARS ont un objectif d’efficience. Mais cela doit recouvrir le maintien de la qualité et de la solidarité. Le contexte est donc très difficile à la fois pour les ARS et les acteurs du système. Pour autant, je ne porte pas de regard négatif sur la réforme en cours et je pense qu’il faut lui laisser le temps d’aller un peu plus loin. 

S’agissant des CRSA [Conférences Régionales de la Santé et de l'Autonomie], les membres viennent d’horizons divers et il y a donc un apprentissage à réaliser sur le travail en commun. Un avis a déjà été donné sur la constitution des territoires de santé et cela va être intéressant de suivre les conséquences des différents découpages retenus dans les régions. 

Concernant leurs priorités, je pense que les ARS devraient se focaliser sur les soins de premiers recours en tenant compte des problèmes de démographie médicale. Avec le développement des réseaux, beaucoup d’acteurs ont appris à travailler ensemble. Tout ne se décrète pas d’en haut et le fait de confier aux ARS ces enjeux cruciaux leur donne la responsabilité de trouver des solutions avec ce qui existe déjà, et notamment en favorisant les coopérations. 

Nextep : Que pensez-vous du principe de l’année du patient ? Cela aura-t-il une influence sur les travaux de la CNS ? 

Bernadette Devictor : Je trouve intéressant de pouvoir promouvoir les projets innovants / significatifs. Par contre, il faut être prudent sur ce que l’on promeut, être attentif à ne pas se baser uniquement sur le déclaratif et vérifier auprès des usagers des établissements ou projets demandant le label que cela leur apporte réellement quelque chose. 

Ce que l’on peut regretter, c’est qu’il s’agisse de l’année des patients et pas celle des usagers ; ce qui renvoie à la notion de système de soins alors qu’aujourd’hui on parle davantage du système de santé qui recouvre aussi les usagers de santé à domicile ou en établissement médico-social. Il y a là toute une dynamique de respect des droits des patients à renforcer à l’image de ce qui a été fait dans le secteur hospitalier. 

Nextep : Au final, comment jugez-vous le système de santé français ? 


Bernadette Devictor : Les critères objectifs montrent que le système français est très bon avec notamment une espérance de vie très élevée mais certains points encore perfectibles, comme la mortalité prématurée évitable. Notre système de santé se caractérise par une production de soins de qualité et dont l’accessibilité à tous est à maintenir. 

En revanche, il y a des tendances à l’œuvre qui suscitent des inquiétudes et des interrogations. On sent que beaucoup d’acteurs sont désorientés par les nombreuses réformes et qu’il y a des pressions très fortes, en lien notamment avec la question de l’efficience et les budgets contraints. Il y a donc beaucoup d’interrogations sur l’avenir mais, en même temps, nous avons tous les atouts en main sous réserve de trouver les modalités de financement. 

 

 

Propos recueillis par Guillaume Sublet


Bernadette Devictor a été élue au poste de Présidente de la Conférence nationale de santé le 21 juin 2011. Elle est également, depuis 2004, présidente du Collectif interassociatif sur la santé en Rhône-Alpes (Ciss-RA) qui rassemble plus de 90 associations d’usagers de la santé. En janvier 2006, elle est devenue la première représentante des usagers élue présidente d'une conférence régionale de santé (CRS), celle de Rhône-Alpes. En juillet 2010, elle a été réélue à la tête de l’instance devenue CRSA (ajout de l’autonomie) suite à la Loi HPST. Elle est aussi vice-présidente de l'association France Alzheimer Rhône depuis 2005.

 

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